Titré en WRC Trophy la saison dernière, Jourdan Serderidis a, cette année, voulu se faire plaisir en participant à deux manches du Championnat du Monde au volant d’une World Rally Car de dernière génération. Après l’ADAC Rallye Deutschland et avant d’aborder son prochain rallye, le pilote belgo-grec a accepté de répondre à nos questions.
Vous finissez à une belle 18ème place pour votre première au volant d’une WRC de dernière génération. Pouvez-vous nous résumer votre rallye ? Et êtes vous satisfait de votre résultat ?
« On a débuté très mal le jeudi soir avec une petite erreur et un déjantage sur une bordure. En parallèle sur la même spéciale on a perdu progressivement l’hydraulique et donc les palettes au volant. Après la réparation supersonique de M-Sport en 13 minutes le vendredi matin, on a pris du plaisir jusqu’à la fin du rallye, en améliorant un peu tout et donc en remontant progressivement au classement. A un moment donné, lorsqu’on a dépassé, assez vite, tous les ‘amateurs’, on se retrouve avec les meilleurs WRC2 et cela se joue à coup de secondes. Tout ce qui est perdu est difficile à récupérer. Mais on a aligné deux top-15 et un top-12, donc il est clair qu’on est sur la bonne voie. »
Vous aviez d’abord annoncé votre présence au volant d’une Citroën C3 WRC, mais vous avez finalement choisi la Fiesta. Qu’est-ce qui a motivé votre décision ?
« Après mon titre en WRC Trophy, j’avais émis l’idée de se faire une dernière fois plaisir et de goûter au meilleur du rallye, c’est-à-dire essayer une WRC nouvelle génération sur une ou deux manches mondiales. Je préférais faire deux super rallyes plutôt qu’une saison complète car mon emploi du temps professionnel, cette année, est bien rempli. Je suis allé voir Citroën, mais ce n’était pas possible pour eux d’aligner une quatrième voiture pour des raisons logistiques principalement. Puis Malcolm Wilson, qui avait appris mon intérêt, m’a appelé en février et m’a fait une proposition. Je n’allais pas refuser ça ! »
Quelles ont été vos premiers sensations au volant de cette nouvelle génération de World Rally Car ?
« Dès le premier run en essais le lundi avant la course, j’ai compris qu’on allait s’amuser, tant la voiture est facile à piloter, spécialement dans le technique. Bien sûr, ensuite, la difficulté vient de la mise au point, qui est plus compliquée que mes R5 par exemple. Malgré nos efforts, nous ne sommes pas parvenus à avoir un set-up parfait en Allemagne. Il reste beaucoup de travail pour descendre en dessous de 2s/km par rapport aux pros. Mais c’est un objectif. »
En terme de performances, cette Ford Fiesta WRC’17 vous a-t-elle séduit ?
« Oui bien sûr, ça pousse fort et surtout, cela freine très très fort. On prend beaucoup de « G ». Et cela reste une voiture qui doit être cravachée et donc très physique. »
Y a t-il beaucoup de changements par rapport aux anciennes WRC, plus particulièrement par rapport à votre DS3 WRC ?
« L’aéro apporte un grand plus en courbe rapide et dans le vite en général. Mais ça peut aussi jouer des vilains tours comme sur le jump « Gina » ou j’ai vu le ciel quelques instants, avec cet appui énorme à l’arrière. Le différentiel central est le composant qui m’a le plus marqué par rapport à la DS3 WRC. Et j’ai aussi aimé la progressivité générale, par rapport à la brutalité de la DS3 WRC. »
L’accueil au sein du team M-Sport s’est-il bien passé ? Quel effet cela vous a fait de rouler dans la structure championne du monde ?
« J’ai été accueilli comme un pilote pro. Tout le monde a été super sympa avec moi, y compris les pilotes officiels, Séb, Teemu et Elfyn. J’ai eu aussi de très bons contacts avec Eric Camilli. On s’est vraiment tous très bien entendus. Sébastien m’a un peu aidé sur les set-up le samedi. Il m’a communiqué quelques pièges sur les spéciales. Et tout le personnel de M-Sport a été très attentionné. C’est le rêve de rouler chez eux. »
Quel paysage du Rallye d’Allemagne avez-vous préféré entre les spéciales dans les vignes, celles du camp militaire et celles entre les champs ?
« Mon style préféré, c’est les ‘vignes’. Mais c’est aussi très piégeux. Et j’ai constaté que mes concurrents y prennent toujours plus de risques. Comme je l’ai dit plus haut, j’ai beaucoup progressé les 3 derniers mois (aussi sur terre), mais il reste encore beaucoup de travail… »
Vous participerez aussi au Rallye d’Australie au volant de cette Ford Fiesta WRC. Il s’agit d’une épreuve que vous appréciez particulièrement ?
« Oui, j’adore le pays, les Australiens et leur mentalité, mais aussi évidemment le parcours qui est sensationnel dans la jungle côtière. Au-delà du fait de faire du rallye depuis 6 ans, le fait de découvrir ces pays (aussi le Mexique), cela reste un privilège dans ma vie et je suis super heureux de pouvoir le faire, de pouvoir me le permettre. Il y a énormément de jalousie au travers de mes participations en rallye mais le plaisir général est là et j’ai gagné ma vie en partant de rien. Je n’ai jamais hérité d’un centime de quiconque. »
Avant l’Australie vous participerez notamment à l’Omloop van Vlaanderen, septième manche du championnat de Belgique, avec une Skoda Fabia R5. Est-ce une monture qui vous convient bien ?
« J’aime en effet beaucoup la Skoda R5, spécialement sur la terre. Sur asphalte, je n’ai que deux participations (le Touquet et un rallye en Grèce) avec cette voiture et comme je n’ai pas de test prévu, il faudra s’adapter vite le week end prochain. »
Participerez-vous à d’autres épreuves cette année ? Et quels sont vos plans pour la saison 2019 ?
« J’ai deux séances de tests avec M-Sport sur la Fiesta WRC pour préparer l’Australie. Normalement, je devrais intégrer les tests officiels juste avant l’Espagne. Et je vais rajouter un rallye national en Grèce sur terre avec la Skoda (23 septembre). Pour 2019, j’ai prévu de rouler au Mexique avec Lara Vanneste comme copilote. Puis en fonction du calendrier, je ferai normalement les Ardennes, le Wallonie et Haillot. Puis pour terminer ma carrière, un rallye de préparation en Grèce et terminer par l’ERC Acropole (avec la Skoda). »
Vous comptez donc terminer votre carrière en 2019 ?
« Oui, à priori, ce sera la fin. J’aurai 55 ans à ce moment-là. Je pourrai toujours faire un rallye de temps en temps, mais plus de manière régulière. »
Photos : Tim Rallye Photography
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