Pour finir une année bien chargée, Grégoire Munster était à Monza pour la finale du championnat du monde. Malheureusement, tout ne s’est pas passé comme prévu pour le pilote Hyundai Belux. Retour avec lui son Rally Monza.
Une fois n’est pas coutume, comment s’est passé ton week-end à Monza ?
“Le rallye n’a pas très bien commencé. J’ai directement fait une petite erreur dans la première spéciale qui nous a fait perdre un petit peu de temps. Je me suis fait avoir sur une partie où le grip n’était pas très élevé. Ça a un peu annoncé la couleur pour la suite du rallye. Ensuite, j’ai eu du mal à trouver mon rythme et j’étais hésitant là où le grip était changeant. J’ai aussi cumulé pas mal d’erreurs qui nous ont fait perdre un peu de temps. Et, finalement, on a terminé sur le toit dans la dernière. Ce n’était donc vraiment pas notre week-end.”
Ce n’est clairement pas de cette manière que tu voulais finir ta saison.
“Non, exactement. Nos temps n’étant pas très bons, on s’est vite mis en tête d’être régulier et d’éviter les pièges. D’autant plus que les conditions là-bas, à Monza, étaient quand même particulières. Au final, on n’était pas trop mal placé au général. Puis, à 2 kilomètres de l’arrivée, on se retrouve sur le toit suite à une petite erreur, que j’ai faite. J’ai coupé un peu trop court dans une épingle sur le circuit et on est monté sur un tendeur qui nous a mis sur le toit. Tout ça à seulement 10 km/h. C’était un élément vraiment caché et ça ne s’est joué qu’à quelques centimètres. Maintenant, voilà, ça reste ma faute.”
Tu étais 6e du WRC-3 avant d’abandonner. L’objectif était-il atteint jusque-là ?
“Si ça avait été un rallye terre, à la limite parce qu’on n’a pas beaucoup de roulage sur cette surface. Mais, sur l’asphalte, pas. On commence à vraiment bien connaître la Hyundai et on a plutôt un bon rythme sur l’asphalte. Du coup, je te mentirais si je te disais qu’on était content en étant 6e du WRC-3. De plus, si on regarde le classement en R5, là non plus, on ne jouait pas assez devant à notre goût.”
Est-ce que malgré tout, tu as pris du plaisir sur cette épreuve ?
“J’ai eu un peu du mal, même si je trouve qu’on a eu de très belle spéciale le samedi en montagne. J’ai tout de même pris du plaisir sur ce rallye, mais à chaque fois, j’ai cumulé des petites erreurs. Ça m’a un peu frustré parce que je n’arrivais pas à me mettre dedans et je savais que je pouvais faire mieux.”
Un rallye sur circuit en guise de finale du WRC, n’était-ce pas un peu particulier quand même ?
“Personnellement, j’ai trouvé ça assez spéciale pour être honnête. De base, je n’étais pas très fan des spéciales que l’on pouvait retrouver sur le circuit. On avait des portions asphaltes qui pouvaient être intéressantes et d’autres où c’était juste tournée autour de ballots ou sur un parking. Maintenant, les organisateurs ont fait avec ce qu’ils avaient. Ce que je trouvais un peu dommage aussi, c’était que les portions terres se dégradaient très rapidement. Ça faisait d’énormes ornières pour les voitures qui passaient derrière. En plus, comme on passait un peu dans tous les sens et à de multiples reprises, ça devenait très cassant. Par contre, les chronos du samedi étaient vraiment magnifiques, dans les montagnes avec les conditions hivernales. D’ailleurs, je me suis un peu demandé pourquoi il n’était pas possible de les faire les autres jours aussi. Mais, je trouve que de manière générale, l’organisation était vraiment très bien faite. Dans la situation sanitaire actuelle, je pense que c’était aussi une des solutions les plus simples pour organiser le rallye.”
Comme tu l’as dit, certaines portions étaient reprises plusieurs fois. Est-ce que ça ne donnait pas l’impression de tourner en rond ?
“Oui, effectivement. Il y a des portions qu’on a quasiment faites lors de chaque spéciale. Du coup, c’est sûr que ça ne me faisait pas penser à du rallye pur et dur, personnellement. Nos temps étaient d’ailleurs un peu mieux la journée du samedi. Maintenant, si on avait signé des troisième temps ce jour-là et qu’on avait été à la ramasse sur le circuit, j’aurais éventuellement pu dire que c’était lié. Mais, ce n’était pas le cas non plus. Après, c’est sûr que je préfère mille fois faire les spéciales du samedi que les spéciales sur circuit.”
T’attendais-tu à retrouver les conditions dans lesquelles le rallye s’est disputé ?
“Avant de parti, on ne s’attendait pas à trouver ce genre de conditions. Maintenant, en reconnaissance, on a eu de la neige pour les spéciales du samedi. On s’est donc vite rendu compte que la possibilité de retrouver de telles conditions pendant le rallye était vraiment-là. Et, on s’est effectivement retrouvé avec de la neige en spéciale. Par contre, sur le circuit, on était trop bas en altitude. Du coup, on s’est retrouvé avec énormément d’eau surtout qu’il n’a pas arrêté de pleuvoir du week-end. Il fallait donc évacuer l’eau et c’était aussi quelque chose de compliqué.”
Qu’est-ce qui a été ta plus grosse difficulté à Monza ?
“J’ai surtout eu du mal avec les changements de grip sur les spéciales du circuit. Par exemple, quand tu retrouvais la piste après une portion terre. Il pouvait y avoir pas mal de boue trainée sur les portions asphaltes. Ou encore quand tu étais sur la vraie piste de Formule 1 et qu’il y a les traces de freinages des voitures de circuit. Sous la pluie, cette gomme laissée sur la piste devient très glissante aussi. J’ai aussi eu du mal à me faire à ça. Au final, il y a eu plein de petits paramètres qui étaient un peu nouveaux ou changeants. C’est ce qui a fait que je n’étais pas ultra performant. Je pense que c’était un peu nouveau pour tout le monde, mais, moi, j’ai eu du mal à m’y faire.”
Tu roulais, ici, avec l’équipe RedGrey. Comment s’est passé ton intégration ?
“Ça s’est très bien passé. Pour moi, c’était un peu spécial parce que j’ai l’habitude de rouler dans le team familial. Je connais donc bien tout le monde, etc. Mais, je trouve aussi très important de rouler dans un team complètement différent. Ça permet de travailler avec un ingénieur et des mécanos qui ont d’autres expériences et manières de voir les choses. Ils ont aussi toujours poussé dans le même sens que nous. C’était donc une expérience très enrichissante et ça s’est super bien passé.”
Quels enseignements t’ont-ils apporté ?
“Je ne dirais pas qu’ils m’ont directement apporté quelque chose qui a changé toute la donne. De manière générale, les R5 commencent à se ressembler de plus en plus et sont toutes performantes. Il n’a donc rien qui a fait que c’était le jour et la nuit. Je pense que c’est plus au niveau de l’ambiance et de la motivation que cela s’est marqué. Et puis, voir aussi qu’on allait dans la même direction, que les mécanos étaient efficaces, etc. Sans oublier, l’ouverture d’esprit qui a fait aussi qu’on a pu travailler dans différentes directions et discuter ouvertement des choses sur lesquelles on pensait différemment.”
Un apport plutôt en expérience, en vécu et en optique du coup
“Oui, voilà. Je pense que ça, c’est quelque chose que tu peux retrouver un peu dans chaque team. Mais, ils ne m’ont pas vraiment apporté quelque chose de réellement nouveau. Par contre, ils m’ont notamment changé un élément sur les freins. Alors, je ne sais si ça m’a aidé ou désavantagé, mais ça m’a permis d’essayer différentes choses. Du coup, ils ont changé le maitre-cylindre de la pédale de frein. Ça fait que la course de la pédale est plus longue. C’est peut-être aussi pour ça que j’ai eu du mal sur mes freinages. Néanmoins, ça m’a permis d’essayer quelque chose d’autre sur la Hyundai que je ne pense pas que j’aurais essayé chez BMA. Au final, c’est beaucoup de petites choses dans ce genre qu’on a essayé et découvert. Il y a des trucs qu’on va peut-être garder et d’autres non.”
Après 13 rallyes, peut-on maintenant dire que ta saison est finie ?
“Oui, là clairement. La saison 2020 est terminée.”
On image que Hyundai est satisfait de ta saison
“Oui, Hyundai Belux est très content de ce qu’on a fait cette saison. Et donc, on va un peu discuter pour voir ce que l’on pourrait faire l’année prochaine. Mais, de manière générale, ils sont très satisfaits de ce qu’on a fait cette année.”
Si tu devais en retenir un seul élément. Lequel ce serait ?
“Je dirais ma victoire au Rallye Terre de Castine. Même si j’hésite aussi avec le Rally Hungary où on finit deuxième. Mais, pour moi, le Terre de Castine, c’était un rallye sur une surface qu’on n’a pas du tout en Belgique. Sur la terre, on n’est pas parmi les pilotes les plus forts. Et, là, c’est un rallye où tout c’est super bien passé directement. On était dans le rythme dès la première spéciale et on y bat quand même Jean-Baptiste Franceschi. C’est un espoir français qui a battu Adrien Fourmaux lors de la manche précédente du championnat de France terre. Je pense que personne ne nous attendait sur cette surface et ça nous a donc fait très plaisir de nous imposer là-bas. Maintenant, la Hongrie en ERC, où on finit deuxième derrière Mikkelsen, c’était sympa aussi.”
Et si, maintenant, tu devais en éliminer un ?
“De nouveau j’hésite. Je serais tenté de dire Monza parce que je n’ai pas réussi à me mettre dedans et à trouver mon rythme. Mais, je verrais plutôt les Canaries. Pour moi, ce qui nous a vraiment manqué là-bas, c’était juste le choix de pneus dans la première boucle. Surtout que le lendemain, on a montré qu’on était quand même dans le rythme. On y signe un deuxième et un troisième temps. En plus, si on regarde l’écart entre la première journée et la deuxième, on perd 4 secondes sur la tête. Ça prouve que si on n’avait pas perdu tout ce temps, on aurait peut-être pu faire quelque chose de sympa. On aurait, alors, aussi pu jouer ce titre avec Oliver Solberg avec lequel j’aurais aimé me battre jusque dans la dernière spéciale. Donc à choisir, je choisirais la bagarre avec Oliver Solberg jusque dans la dernière spéciale du championnat d’Europe.”
As-tu des pistes pour 2021 ? Avec Hyundai notamment ?
“Alors, oui, j’ai des pistes. Maintenant, ce n’est pas encore suffisamment approfondi pour en parler tout de suite. Nous discutons évidemment avec Hyundai. Cette année a été une année assez spéciale. A la base, nous avions prévu de faire le championnat de Belgique. A ça, on voulait aussi essayer de faire deux ou trois manches à l’international juste pour prendre de l’expérience. Finalement, il n’y a pas eu de championnat de Belgique. Du coup, on a transformé tout ce programme avec que des évènements et des courses à l’étranger. On va évidemment en discuter et reprendre le résultat en analyse pour essayer de mettre quelque chose sur pied.”
Encore un tout grand merci à Grégoire Munster pour avoir pris de son temps pour répondre à nos questions.
Par Simon F
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