Nouveau rallye à l’étranger pour Grégoire Munster qui était le week-end dernier au départ de la quatrième manche de l’ERC. Au terme d’une course bien maitrisée, le pilote Hyundai décroche une belle deuxième et s’impose à nouveau en ERC Junior. Retour avec lui sur son week-end au Rally Hungary.
Tout d’abord, félicitations pour ta victoire en Junior et ta deuxième place au général. Satisfait du résultat ?
“Oui, on est très satisfait du résultat. Avant de partir en Hongrie, l’objectif était de faire jeu égale ou reprendre un peu de points à Oliver Solberg. Chose faite avec notre victoire en ERC Junior. La deuxième place au général est un peu la cerise sur le gâteau.”
Tu termines derrière Mikkelsen, ce n’est pas rien.
“Oui exactement. Il y avait aussi Breen avant qu’il abandonne. Ces deux-là étaient partis très fort. Ce n’était même pas possible d’envisager de les rattraper. Après, voilà, c’est de la classe mondiale avec deux pilotes qui roulaient ou roulent encore en WRC. Du coup, je pense que la deuxième place c’est le mieux que je pouvais faire.”
Peux-tu nous dire comment c’est passé ta course dans l’ensemble ?
“De manière générale, notre course s’est bien passé. Il y a juste la première boucle du samedi où on fait un mauvais choix de pneus. On est parti avec des pneus pluies, alors qu’il aurait mieux valu prendre des slicks. On a perdu un peu de temps avec ça, mais on s’est assez bien rattrapé dans la deuxième boucle. Mise à part un tête-à-queue et une crevaison le deuxième jour, on n’a pas fait de grosse erreur, alors que le rallye était plutôt piégeux et pouvait donner tendance à en faire. De ce côté-là, on s’en est plutôt bien sorti. Après la première journée on avait ainsi réussi à creuser l’écart sur les gars derrière nous. Du coup, on a pu gérer le dimanche. On n’allait en effet pas chercher Mikkelsen et derrière on avait une bonne marge. On s’est donc permis de sécurisé et de ne pas prendre trop de risque.”
Un course un peu en deux phases donc ?
“Tout à fait. Etant donné qu’on était devant en Junior et bien classé au général, on n’allait pas laisser passer notre chance. En plus, les conditions étaient très piégeuses. Du coup, on est resté assez offensif sur le choix des pneus, mais on n’a pas pris tous les risques. A l’inverse des autres derrière qui se battaient, eux, pour la troisième place.”
Qu’est-ce qui a été le plus difficile à gérer en Hongrie ?
“Pour moi, la première difficulté, c’était la mixité des spéciales. On était avec des voitures en spécification asphalte et donc sur la terre, c’est évidemment pas l’idéal. Mais, c’est là aussi qu’il fallait peut-être essayer de faire la différence. C’était du coup important d’avoir un bon rythme dans ces portions-là également. Puis, l’autre aspect compliqué, c’était qu’en règle général il faisait sec, mais que dans les sous-bois, là où il y avait la boue et la terre, ça restait plutôt humide. En plus, il ne faisait pas très chaud avec des température aux alentours de 10-12°C. Ce n’était donc pas toujours évident de faire le bon choix de pneus. On s’est fait avoir dans la première boucle, mais on ne sait plus trompé par après.”
Il y a aussi eu un petit fait de course samedi soir avec Solberg qui a parcouru la liaison sur la jante. Il s’agit là d’une infraction au règlement, mais qui n’a pas été pénalisée. Quel est ton avis ?
“L’affaire est close, je préfère qu’on se départage en spéciale.”
A quel rallye l’épreuve t’a-t-elle fait pensé ?
“Ça m’a beaucoup fait penser à la spéciale de La Clémentine que l’on retrouvait avant aux Boucles de Spa et au Spa Rally. Elle commençait sur un asphalte assez rapide pour ensuite retrouver, aux deux tiers, le fameux bois de La Clémentine. Ce rallye de Hongrie, me faisait fort penser à ça. Surtout avec la mixité que l’on retrouvait dans le rallye et avec le grip qui n’était pas très élevé. Ça me faisait vraiment penser à La Clémentine. ”
Si tu pouvais revenir en arrière sur un élément de ton week-end et l’améliorer, lequel ce serait ?
“Comme ça, je dirais d’abord le choix de pneus car ça nous aurait permis d’avoir un peu plus de marge. Et donc d’être plus safe par la suite. Ensuite, attaquer un peu plus le deuxième jour. En Junior, il faut savoir qu’il y a des points par jour à la clé. Du coup, le dimanche comme on ne voulait pas prendre de risque, on a un peu raté ces points-là. C’est toujours plus facile à dire par la suite, mais, voilà. Là on a peut-être laissé quelques points qui feront la différence en fin de championnat quand le résultat se décidera.”
Par rapport au Portugal, où penses-tu t’être amélioré ?
“C’était un rallye quand même fort différent, même si les conditions étaient compliquées et les choix de pneus aussi. Maintenant, tu n’avais pas cette boue et ces grosses cordes qui étaient présentes. C’est vrai qu’en Belgique, on est un peu plus familiarisé à ces conditions. Ça a un peu joué en notre faveur sans doute. Après au niveau de la préparation du rallye, il y a pas eu de différence à d’habitude. On se prépare un peu de la même façon pour chaque rallye. C’est juste qu’au plus on est dans la voiture et au plus on fait des kilomètres, au mieux ça va. Je pense que c’est surtout ça qui fait la différence, le rythme. Et pourtant entre le Portugal et la Hongrie, on a juste fait l’AAROVA qui s’est pas super bien déroulé. Au final, on s’est préparé de la même façon et on a fait de bonnes notes, comme d’habitude. Du coup, je pense que ça va juste mieux au fur et à mesure des rallyes.”
Du coup, c’est plutôt l’expérience et l’enchainement des épreuves qui aide un peu ?
“Oui c’est clair que ça joue. Après, je te dirais bien que c’est parce qu’on a vraiment enchainé les rallyes. Maintenant, si tu prends l’exemple de l’Estonie, on a fait le Liepaja et un autre rallye de préparation juste avant. Ce n’est pas pour autant que le résultat y était ultra-bon (11e en WRC-3, NDLR). Puis, ici, on fait quelque chose de vraiment bien, alors que ça faisait deux ou trois semaines qu’on avait plus fait une compétition. La seule chose qui a peut-être joué c’est qu’on a testé pour le South Belgian Rallye qui prévoyait ce genre de conditions. Du coup, quand on est arrivé en Hongrie, on avait déjà une très bonne base de set up. Ça nous a donc permis d’économiser pas mal de temps puisque c’est justement dans ces conditions qu’il nous manquait un peu de données pour bien faire fonctionner la Hyundai.”
Tu as maintenant un point d’avance face à Solberg au championnat. Qu’est-ce que cela implique pour toi ?
“Etant donné qu’on a des points pour le résultat, mais aussi des points attribués par jour, ça fait qu’on est très serré au championnat. Par contre, son moins bon résultat cette saison est moins bon que le mien. Ça veut dire que quand ce résultat va sauter, il aura d’office plus de points. Du coup, imaginons qu’on fasse le même résultat qu’en Hongrie. Comme son moins bon résultat est moins bon que le notre, il aura d’office plus de points. Donc, même si j’ai un point de plus au championnat, c’est plutôt lui qui a l’avantage parce qu’en effaçant son moins bon résultat, il y a une différence de 6 points avec moi je crois. Mon point d’avance est donc plutôt pour la forme.”
Quelle sera ta prochaine étape ?
“Notre prochaine étape, étant donnée qu’on est très bien placé au championnat, devrait être les Canaries. Maintenant, pour être honnête, on n’a pas encore trouvé tout le budget. C’est un rallye qui coûte assez cher avec le déplacement, etc. Il faut envoyer les voitures sur des remorques jusqu’à un port situé à 2.200 kilomètres d’ici. Ensuite, il faut les faire aller par bateau jusqu’aux Iles Canaries. Les coûts de transport sont très élevés. On cherche encore le budget, mais l’objectif est clairement d’être présent sur cette prochaine manche. Ensuite, on fera évidemment Spa, s’il a lieu.”
Les Canaries pourraient donc être ton joker si tu ne t’y rends pas ?
“Techniquement, ça pourrait oui. Maintenant, voilà le problème c’est qu’on est quasiment à égalité avec Oliver Solberg. On a un point d’avance sur lui. Du coup, si tu vas aux Canaries et que tu fais un bon résultat, celui-ci va prendre le dessus sur ton moins bon résultat de la saison. Dans notre cas, c’est un peu la seule possibilité qu’on a. La seule chose que l’on peut essayer de faire, c’est d’améliorer notre moins bonne place qui était notre 4e place Junior à Rome. Pour faire ça, il faudra donc être présent sur les autres manches. Et étant donné que Spa n’est pas du tout sûr, si on ne veut pas prendre de risque, il faudra être aux Canaries.”
Encore un tout grand merci à Grégoire Munster pour avoir pris de son temps pour répondre à nos questions.
Par Simon F
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