Après Rome, Grégoire Munster était, le week-end passé, en Lettonie pour la seconde manche de l’ERC. Même s’il a peu d’expérience sur terre, il y décroche une septième place et termine sur le podium en Junior. Retour avec lui sur son Rally Liepaja.
Tout d’abord, comment s’est déroulée ta course ?
“La course s’est plutôt bien passée. Il fallait un peu se remettre dans le rythme sur la terre pour nous car ça faisait déjà un an qu’on n’avait plus roulé sur cette surface. La dernière fois, c’était au WRC en Finlande l’année passée avec la Skoda Fabia R5. On a donc eu une bonne session de tests pour se remettre en jambes. On a ensuite essayé de directement être dans le rythme et de ne pas laisser trop de secondes passer. On a été un peu avantagé, avec une bonne position de départ, qui nous a permis de faire une première journée assez correcte.”
Penses-tu que ton expérience acquise l’an dernier en Finlande t’a permis d’être plus facilement dans le rythme ?
“C’est sûr que d’avoir déjà roulé sur cette surface nous a aidé. Après c’était il y a longtemps donc c’était un peu comme si on devait recommencer en partant de zéro. C’est un peu comme si tu apprenais à faire du piano à et que tu rejouais un an après. Il a fallu retrouver les automatismes et tout le reste. Au début, on se cherchait donc un peu sur les points de freinage et tout le reste. Mais, c’est sûr que le fait d’avoir déjà découvert le pilotage sur terre nous a quand même aidé.”
Tu étais à Rome il y a trois semaines, le passage de l’asphalte à la terre n’a pas été trop compliqué ?
“Au début c’était un peu compliqué quand même. D’abord parce que ça faisait longtemps que je n’avais plus roulé sur terre. En plus, pour moi, je trouve que ce sont deux surfaces complément différentes. Sur l’asphalte, tu dois essayer d’être très précis et de ne pas être trop vite dans les virages pour y garder une certaine vitesse; tu dois surtout favoriser la sortie. Ici, sur la terre, on essaye souvent de garder la vitesse dans le virage en glissant à l’entrée du virage et en essayant de ressortir le plus droit possible. C’est donc quand même fort différent. Le temps de réaction n’est pas pareil non plus. Il y avait donc plein de petites choses auxquelles il fallait se réadapter. On n’est en effet pas très habitué à rouler sur terre puisqu’il n’y a aucune manche sur cette surface en Belgique. Je pense donc qu’au final, on ne s’en est pas trop mal sorti.”
Est-ce que, ici, la différence entre la R2 et la R5 est moins marquée que sur l’asphalte ?
“Non. Je pense que sur la terre c’est limite encore un peu plus. Les quatre roues motrices aident à faire pivoter la voiture dans les virages, alors que sur la terre en traction, c’est l’avant qui doit être placé et l’arrière qui suit. C’est donc aussi une grosse différence. Puis, la spécificité en Lettonie vient du fait que le rallye avait un tout nouveau parcours. On n’a donc pas pu réutiliser les notes que nous avions de l’an passé. On n’a donc pas su utiliser directement toute l’expérience qu’on avait eue l’an passé. Mais le fait d’avoir déjà roulé sur cette manche il y a un an, nous a un peu aidé quand même. Il s’agit d’un rallye assez atypique qui est le plus rapide de l’ERC et avec un grip assez particulier. C’était donc quand même bien de l’avoir déjà fait l’année passée.”
Qu’as-tu appris lors de cette épreuve en Lettonie ?
“Premièrement qu’il me fallait plus de kilomètres sur la terre. Sinon, concernant le pilotage, au début justement, du fait qu’on a peu d’expérience, j’avais un pilotage un peu haché. Je n’étais pas sûr dans mes freinages puis quand on arrive sur terre, on a souvent l’impression d’être assez vite sur les virages. Mais, à partir du moment où la voiture commence à glisser, on perd pas mal de vitesse. Cette glisse réduit automatiquement la vitesse et donc au final on se rend compte qu’on aurait pu être un peu plus vite dans les virages. On a appris pas mal de petites choses dans ce genre. Puis, le style est un peu particulier sur ces routes ultra rapides. Il faut essayer de garder un maximum de vitesse et donc il y a pas mal de virages qui passent très vite. Il faut donc essayer d’avoir un style pas trop en glisse pour garder cette vitesse. Mais, là, il s’agit plus d’un style concernant la spécificité de ce rallye.”
Est-ce que piloter la Hyundai sur terre t’a plu ?
“Piloter la Hyundai sur la terre c’était fantastique. On voit qu’on a encore plein de marge de progression parce qu’on n’est pas encore type top en terme de set up. Par exemple, sur l’asphalte on ressent pas mal de choses parce qu’on a l’habitude de rouler sur cette surface. Sur terre, c’est pas encore le cas. Il faut encore améliorer le set up, mais aussi directement mon ressenti pour pouvoir donner plus d’informations. En tout cas, rouler sur la terre avec la Hyundai, c’était vraiment génial.”
Revenons sur ta troisième place en junior, que ressens-tu par rapport à ce résultat ?
“Pour nous, c’est le premier podium en ERC Junior. C’est donc déjà quelque chose de sympa parce qu’on sait qu’il y avait un gros plateau au départ. Ce qui est encore plus satisfaisant pour nous, c’est qu’on a fait le Rally di Capitale sur asphalte, une surface sur laquelle on a pas mal d’expérience, et on finit quatrième. Et ici, on vient sur la terre qui n’est pas notre surface de prédilection et on a réussi à aller chercher un podium face à des pilotes qui avaient plus l’habitude que nous de rouler sur terre. Puis, je pense qu’on a réussi à garder un écart plutôt réduit par rapport à Oliver Solberg. De manière générale, on est content de notre vitesse sur la terre surtout qu’on sait qu’il y a encore une grosse marge de progression.”
Tu es maintenant deuxième de l’ERC Junior, cela aura-t-il une influence sur le reste de ton programme ?
“Oui, c’est tout à fait possible. On a participé à Rome parce qu’on avait déjà roulé l’an dernier et qu’on y trouvait que c’était une bonne idée de commencer là-bas pour récupérer un peu de rythme avant le retour du championnat de Belgique. Maintenant, Rome s’est bien passé et le Liepaja aussi. On est désormais deuxième en Junior et c’est sûr que ça pourrait nous propulser sur d’autres manches du championnat. C’est clair que ce serait très intéressant et bénéfique pour nous et pour l’expérience. Il y a aussi pas mal de rumeurs avec des rallyes annulés en BRC. Ça pourrait donc être une piste à explorer.”
Ton programme pourrait donc muter en donnant désormais la priorité à l’ERC plutôt qu’au BRC ?
“De base, on ne pouvait déjà plus faire que quatre manches sur les cinq restantes en Belgique. En plus, il y a encore des rallyes qui devraient être annulés dans le futur, ce serait vraiment dommage. Maintenant, il faut voir car il est évidemment trop tôt pour en parler. On a pas mal commencé en championnat d’Europe. C’est sûr que ça pourrait être une piste de continuer dans ce sens là.”
Tu vas aussi participer au Rally Estonia en WRC-3 début septembre, est-ce que ton expérience en Finlande et en Lettonie pourra t’être utile ?
“Chaque rallye qu’on fait sur la terre c’est évidemment de l’expérience acquise en plus. Après, je n’ai jamais roulé en Estonie. Je ne sais donc pas comment est le parcours exactement. Je pense qu’étant donné qu’on manque de kilomètres sur cette surface, chaque rallye et chaque spéciale que l’on fait est de l’expérience bonne à prendre. C’est sûr que ça aide donc à être plus dans le rythme. Notre expérience en Finlande peu aider, mais je pense que c’est plus le rallye qu’on a fait ici qui va plus nous aider à être dans le rythme pour le rallye d’Estonie.”
Pas d’objectifs particuliers, mis à part de prendre de l’expérience en plus sur la terre du coup ?
“En Estonie, on veut quand même essayer de se montrer, un peu comme sur tous les rallyes. En Lettonie, je pense qu’on a fait le mieux de ce qu’on pouvait faire avec l’expérience qu’on avait. En Estonie, on aura déjà un rallye en plus. Il est donc clair qu’on va essayer de faire encore mieux et essayer de montrer notre pointe de vitesse. Après, je ne vais pas donner un objectif précis parce qu’il faut voir la concurrence qu’il y aura. On veut donc se montrer et on ne va certainement pas là-bas pour juste prendre de l’expérience et faire un rallye pour s’amuser. On y va aussi parce qu’on a aussi pour objectif d’un jour être soutenu en WRC. C’est donc clair qu’on y va pour la performance.”
Encore un tout grand merci à Grégoire Munster pour avoir pris de son temps pour répondre à nos questions.
Par Simon F
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